dimanche 1 avril 2012

Les cimetières

J'arbore depuis des mois une couleur cadavérique qui fait passer de nombreux morts pour des gens en meilleure santé que moi! Est-ce pour cela que je me sens à l'aise dans un cimetière? Que je rassure les gens que je croise dans ces lieux de repos et de méditation, je ne suis pas en quête d'un emplacement pour finir mon périple sur Terre!

J'aime tout simplement me promener dans les allées de ces lieux de paix et de sérénité pour tenter de ressentir la quiétude de l'éternité. Je suis à l'aube de ma vie pendant que d'autres ont déjà touché la nuit de la leur. Me promener parmi les morts me permet d'apprécier la beauté de la vie. En franchissant le portail d'un cimetière, le monde s'arrête derrière moi. Je fais un pas vers un monde que beaucoup trouve morbide pour rêver et me sentir apaisé. Je viens apprécier la beauté des marbres et des sculptures qui font de ce lieu à part un sanctuaire pour l'art de notre passé. Je prends toujours autant de plaisir à admirer de vieilles tombes séculaires qui regardent le temps passer. Ce sont des témoignages d'une époque. Elles ont été faites pour accompagner les morts et pour aider les vivants à atténuer leur peine. Il ny a rien de morbide, de blaphématoire, juste de la contemplation et du respect.

Un cimetière est un lieu sacré qu'il faut respecter. Je n'ai pas le sentiment de profaner une tombe en prenant comme je le fais régulièrement des photos. Mon souhait est que la sensibilité que j'apporte dans mes prises de vue se voit et fasse sentir au monde la beauté des lieux et surtout l'importance pour notre histoire de ces endroits saints. Un vieux cimetière qui tombe dans l'oubli me fait souffrir. Mon souhait le plus profond est de découvrir le cimetière du Père Lachaise. J'aimerais pouvoir me promener dans le plus grand silence et écouter tout ce que les personnalités de cet illustre lieu de mise au sépulcre ont à nous murmurer à l'oreille. Cette passion n'est pas pour moi morbide, mais juste une sensibilité au beau sous toutes ses formes et un besoin de respecter notre passé.










Théophile GAUTIER (1811-1872)

La fontaine du cimetière

A la morne Chartreuse, entre des murs de pierre,
En place de jardin l'on voit un cimetière,
Un cimetière nu comme un sillon fauché,
Sans croix, sans monument, sans tertre qui se hausse :
L'oubli couvre le nom, l'herbe couvre la fosse ;
La mère ignorerait où son fils est couché.

Les végétations maladives du cloître
Seules sur ce terrain peuvent germer et croître,
Dans l'humidité froide à l'ombre des longs murs ;
Des morts abandonnés douces consolatrices,
Les fleurs n'oseraient pas incliner leurs calices
Sur le vague tombeau de ces dormeurs obscurs.

Au milieu, deux cyprès à la noire verdure
Profilent tristement leur silhouette dure,
Longs soupirs de feuillage élancés vers les cieux,
Pendant que du bassin d'une avare fontaine
Tombe en frange effilée une nappe incertaine,
Comme des pleurs furtifs qui débordent des yeux.

Par les saints ossements des vieux moines filtrée,
L'eau coule à flots si clairs dans la vasque éplorée,
Que pour en boire un peu je m'approchai du bord...
Dans le cristal glacé quand je trempai ma lèvre,
Je me sentis saisi par un frisson de fièvre :
Cette eau de diamant avait un goût de mort !









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire