dimanche 15 avril 2012

La malédiction et le roman gothique

Au cœur des romans gothiques, le lecteur est toujours confronté à une intrigue forte. Cette dernière est souvent soutenue par une malédiction, une énigme prophétique. Le rang ou la lignée des personnages a aussi une place prépondérante. Cette notion de sang est établie et les exemples sont nombreux. « Le moine » de Lewis est un bel exemple pour cette démonstration. Dans « Le château d’Otrante » de Walpole, C’est la spoliation d’une lignée qui est à l’origine de l’empoisonnement du maître des lieux. Des équilibres contre nature se mettent en place pour le plus grand bonheur du lecteur. Mais ces phénomènes sont voués à être caduque, à des échéances plus ou moins longues.



La force du roman gothique est de faire appel au surnaturel pour résoudre les malédictions. La classification littéraire s’apparente donc ici au roman fantastique. Les cauchemars révélés en début d’histoire ne peuvent souvent que se finir en compte de fées pour les usurpés ou les maudits. Je vous conseille sur ce point le lecteur du « Château d’Otrante ». Si nous prenons l’exemple du « Moine » de Lewis, nous assistons au fil des chapitres à des drames qui laissent le premier choix aux émotions. Nous mettons de côté  le surnaturel pour plonger dans l’horreur. Comment deviner qu’Ambrosio pouvait tuer sa mère, violer et assassiner sa propre sœur.



Quand arrive la conclusion d’un roman gothique, les troubles profonds se dissipent, même si des éléments physiques ou moraux ont évolué. Dans Dracula de Bram Stoker, le vampire est mort mais Mina Harker ne pourra pas retrouver une telle passion, un tel amour. Dans « Carmilla » de Le Fanu, ce même sentiment trouble l’esprit de l’héroïne. « Le château d’Otrante » n’est-il pas fortement démoli ? La mort d’Ambrosio est sans doute l’élément qui redonne la joie de vivre à Agnès.

Un autre point lie entre eux les romans gothiques. Tout comme chez Sade, les sentiments sont exacerbés. Les passions sont sans limite, on aime jusqu’à la mort. Dracula préfère mourir pour ne pas plonger Mina, son amour, dans son éternité de ténèbres. Ambrosio dans « Le Moine », après avoir abusé des charmes de Mathilde, se transforme en monstre lubrique et dépravé. Il est animé par le besoin de transgresser. Je vous rappelle qu’il viole sa sœur dans un cimetière. Cet acte odieux culmine jusqu’au sacrilège. Même Sade n’a pas osé dans ses écrits mélanger un tel niveau de décadence physique et morale. Un lieu saint est profané dans un acte mélangeant viol et fratricide. Dans le Dracula de Stoker, c’est un monstre qui use et abuse d’un corps sans âme et sans vie apparente, un beau soir d’été. La littérature gothique et par extension la littérature vampirique sont bien les refuges des passions extrêmes et violentes.



Les persécutions sont souvent présentes et alimentent tous les excès cités précédemment. A la différence du roman fantastique, le roman gothique s’ouvre au surnaturel mais en l’assaisonnant de tous les excès dont l’homme est capable. Toutes les transgressions imaginables ont une place de choix. La maîtrise des auteurs nous transporte vers un champ d’horreur et d’abomination. Mais le lecteur averti ne se voile pas la face. Il est conscient d’avancer à pas feutrés dans un monde imaginaire qui rejette la morale et la bienséance. L’art littéraire est là pour tenter de sauver l’ordre civil et religieux.

Mais le lecteur n’est pas dupe. Nous assistons à des balais de repentir et de confession. Les crimes sont souvent commentés par le monstre fautif ou un témoin et non vécu directement. Monsieur Harker dans Dracula écrit ce qu’il subit. Sa future femme laisse dans son carnet intime ses impressions d’effroi en voyant son amie violée par un monstre. La rétrospection semble avoir été inventée pour les romans gothiques et vampiriques. Les quêtes et enquêtes sont aussi légions. Les récits rétrospectifs sont présents dans le « Moine », « les Elixirs du Diable », « le Château d’Otrante » et bien évidemment dans « Dracula ».



Le roman gothique prend vie grâce à une structure qui lui est propre et que nous retrouvons dans certains romans fantastiques. Ces ouvrages sont de parfaites bases pour les scénarios cinématographiques. Dès le muet, la littérature gothique a apporté dans les salles obscures l’émotion et l’intrigue pour tenir en haleine des spectateurs privés de la dimension sonore. 




samedi 14 avril 2012

La littérature gothique


Il existe un genre littéraire fort méconnu que je tiens  à dépoussiérer. Sortons les vieux manuscrits de la cave pour les sauver de l’oubli et apprenons à apprécier une lecture nouvelle pour notre monde mais qui remonte aux XVIII° et XIX° siècles. Optons pour la littérature gothique! 


Les historiens attribuent l’origine du roman gothique à un aristocrate membre du parlement anglais. J’ai nommé Sir Horace Walpole (1717-1797).







Cet homme érudit et épicurien devant l’éternel aurait fait un parfait compagnon pour notre cher Marquis de Sade! Ce noble résidait dans une demeure-musée consacrée exclusivement à la passion de son habitant : les œuvres médiévales. Le libertinage était le pêché mignon de cet homme de lettre avec l’architecture gothique. Le temps passé à des plaisirs variés est sans doute à l’origine de la pauvreté bibliographique de Walpole. En effet, en 1764, « Le château d’Otrante » voit le jour.









 Le seul et unique roman de cet auteur !  Mais cette parution est une double naissance. Le monde peut enfin apprécier l’art et le travail de notre aristocrate anglais qui sans le savoir est à l’origine d’un genre littéraire, le roman gothique !


L’architecture gothique sous diverses formes sert de décors aux intriques qui me sont chers. L’histoire de chaque roman prend vie ainsi dans un milieu aux frontières du naturel. L’espace temps semble lui-même modifié par ces éléments d’un autre âge. Les volumes des lieux clos du moyen-âge renforcent et exacerbent les sentiments. Les dédales de couloir, les pièces sombres et basses, les cachots, les statues aux allures inquiétantes sont autant d’appel à l’obscurantisme du moyen-âge pour plonger le lecteur dans un monde fantastique et horrifiant. Tout peut arriver en ces lieux où le fanatisme et la folie peuvent germer partout et nulle part à la fois.


 Le roman gothique voit le jour dans les pays anglo-saxons qui prônent un retour en force vers les valeurs du passé et leur respect. Les ruines historiques, lieux des conflits entre protestants et catholiques, ne manquent pas. Leur caractère emblématique n’est plus à démontrer. Les cimetières sortent des villes. La mort rejoint les campagnes et en même temps les ruines d’un passé. Tout est réuni pour transcender nos fantasmes. Le roman gothique se sert de ses ruines d’églises ou d’abbayes et les mêle aux vestiges du passé en général, du moyen âge en particulier. La mort devient esthétique dans son joli coffret de ruines. Nous lions ici deux thèmes incontournables de la littérature gothique.









Lire un roman gothique est éprouvant pour une âme sensible. La lenteur volontaire des histoires permet à notre imagination de se promener seule dans ces décors chargés d’histoires. Je précise même que la lecture nous plonge dans un monde irréel que nous ne contrôlons pas. Nous marchons au pas des héros, nous arpentons les mêmes lieux inquiétants. Le caractère solennel des ambiances fait de notre errance une épreuve. Nous faisons face à une intrigue qui n’apporte que malaise. Notre fascination pour les acteurs de l’histoire nous amène à de la compassion aussi bien pour le camp du bien que celui du mal. L’approche déroutante des histoires nous fait toucher du doigt la matière même du roman gothique. Le fort pouvoir de suggestion de cette mouvance littéraire est à l’origine par exemple pour de nombreux critiques du courant fantastique et aussi du romantisme. On parlera alors d’esthétique gothique.
 La diffusion du roman de Walpole fut une révélation pour la créativité romanesque, une révolution même. Les limites de l’imagination ont volé en éclats. L’horreur fait à présent partie intégrante d’une intrigue, voire devient sa finalité. Les romanciers n’ont plus peur de sortir des sentiers battus. Les idées les plus extravagantes prennent vie avec pour principe la mise en valeur de l’honneur et de la passion au détriment de la raison. Une saveur de romans chevaleresques moyenâgeux vient flatter nos sens pour notre plus grand plaisir. Face à une société qui se veut de plus en rationnelle, le fort pouvoir de suggestions des romans gothiques touche personnellement chaque lecteur  mais aussi notre inconscient collectif. Qui ne connaît pas Dracula, le docteur Jeckyll, Carmilla ou encore  Frankestein ? Des personnages de fictions ont dépassé le cadre de la littérature et sont devenues des mythes à part entière et se mélangent à notre histoire. Je suis navré pour les bien pensants qui rejettent notre culture à un rang de mouvement  mineur, nos bases littéraires sont des sources d’évasion et de créativité qui rejaillissent sur de nombreuses mouvances culturelles contemporaines.


vendredi 13 avril 2012

L'origine du cinéma gothique


Au début du XX°siècle, un genre cinématographique va naître entre ombre et lumière. L'homme à la recherche d'un exutoire à ses peurs va se plonger dans le cinéma d'épouvante, aussi appelé  cinéma gothique. Nos pulsions incontrôlables, notre rejet de l'animalité, notre hantise de la difformité ou encore notre inconscient font d'un cinéma d'un autre genre le miroir de nos peurs les plus intimes. 


Le cinéma à ses débuts avait une vocation scientifique et culturelle. Mais c'était sans compter sur l'imagination de certains créateurs qui vont transformer un art naissant en laboratoire financier et technique. Ce nouveau support sera bientôt un média incontournable pour l'éternel combat que se livrent le Bien et le Mal. Une salle obscure, un monstre terrifiant entre-aperçu dans une brume épaisse, des vampires au regard hypnotique, il n'en fallait pas plus pour que les années 30 glorifient tous les romans noirs portés à l'écran. Les apparitions de Tod Browning, Bela Lugosi ou encore Boris Karloff ne font que rendre encore plus artistiques des réalisations qui voguent entre impressionnisme et surréalisme. 


Je trouve au cinéma de cette époque un charme onirique. Les premiers artisans du cinéma ont su utiliser au mieux les faibles moyens techniques de l'époque pour créer les premiers effets spéciaux. N'hésitez pas  à chercher une cinémathèque qui vous proposerait des projections de ce cinéma d'un autre âge. Appréciez des jeux d'acteurs qui ont traversé des décennies sans perdre en puissance. La peur n'est plus dans les rues, ni dans nos rêves, elle se projette sur grand écran.




Boris Karloff et Bela Lugosi





J'ai acheté des DVD de Bela Lugosi ou Boris Karloff sur Amazon ou sur Ebay. Pour ma part, j'ai eu la chance de découvrir un grand nombre de ces films grace à la médiathèque de la ville de Nice. Il y a un grand choix en vieux films dont ces fameux films noirs. ;.;


Dernièrement j'ai craqué pour "Le récupérateur de cadavre"...avec Boris Karloff, Bela Lugosi , Henri Daniell




Une de mes acquisitions:


The Bela Lugosi Collection (Murders in the Rue Morgue / The Black Cat / The Raven / The Invisible Ray / Black Friday)









mardi 10 avril 2012

La Hammer


Au début du XX° siècle, il y eut une dévalorisation du terme gothique dans l’art cinématographie. Pour en comprendre les raisons, il est nécessaire de remonter à l’origine même du mot. La définition de ce dernier a ses origines sur notre bon vieux continent européen. Il était donc tout à fait inconcevable pour les habitants du nouveau monde de développer le cinéma à grande échelle et d’y associer un qualificatif utilisé par leurs ancêtres. Les producteurs de Californie, devenus hollywoodiens, dévalisèrent rapidement le répertoire de la littérature gothique pour alimenter les scénarios d’un nouveau genre de film. La classification de « film d’horreur » est née.











Les films américains d’horreurs de la première partie du XX° siècle avaient une mauvaise image et furent rapidement associés à une catégorie que nous qualifions de nos jours de série B. Il faudra attendre le retour du film d’horreur sur le vieux continent et plus particulièrement en Angleterre pour qu’il reprennent ses lettres de noblesse. Pendant plus de vingt ans, dès les années cinquante, les cinéphiles voient apparaître dans les salles sombres les films des studios Hammer. Les critiques rejettent toujours ces nouvelles productions pour eux trop hideuses et noires. Mais la critique était et sera toujours la critique. Tous ces avis peu flatteurs n’ont pas empêché l’éclosion de grands talents. Les productions britanniques de la Hammer ont permis au monde d’apprécier la grandeur du talent de Christopher Lee. Le plus grand rôle de ce dernier et celui qui l’a rendu célèbre est le personnage du comte Dracula. Le passionné de fantastique peut à présent oublier l’horreur version Hollywood et se plonger dans une atmosphère de contes de fées et de fantasmes propre aux productions hammeriennes.


On a souvent présenté les petits studios britanniques comme produisant des films au budget mineur et à la réalisation plus qu’approximative. En vérité, ces critiques venaient les studios américains qui avaient pris conscience de la concurrence anglaise. Mais l’histoire ne retiendra qu’une chose : le premier film gothique en couleur est anglais. 





En 1957, la Hammer sort « Frankestein s’est échappé » et devient le leader mondial du film d’horreur historique. Elle fait aussi naître deux stars qui concurrencent directement Vincent Price de l’American International Pictures : Peter Cushing et Christopher Lee. En 1958 « Le Cauchemar de Dracula » vient aussitôt confirmer cette position. Peter Cushing abandonne le rôle du docteur Frankestein pour celui de Van Helsing et Chistopher Lee celui de la créature pour le célèbre Comte Dracula. Le rôle du comte correspondait parfaitement à Lee. Descendant de l’une des plus prestigieuses familles de Rome, Lee, du haut de ses presque deux mètres, imposait le respect dans toute situation par sa parfaite courtoisie et sa splendide voix grave. 





A une époque ou un acteur anglais portait un chapeau melon, les caractéristiques physiques de Christopher Lee le poussèrent vers une carrière de « Méchant ». Mais son charisme et son charme sépulcral firent de lui rapidement un sex-symbol. La popularité de Lee ne faisait que grandir, mais rapidement un conflit éclata entre l’acteur et la Hammer. En quête de fantastique et de nouveauté, les producteurs anglais de films vampiriques faisaient de plus en plus d’infidélités en général aux romans gothiques et en particulier à « Dracula »  de Stoker. Christopher Lee de son côté voulait respecter l’œuvre irlandaise du siècle dernier et pense toujours être le seul acteur à avoir interprété Dracula à l’écran dans le respect des écrits de Stoker. Christopher Lee abandonna le rôle de Dracula en 1960 pour le grand bonheur de David Peel pour « Les Maîtresses de Dracula »





De son côté, Peter Cushing n’a jamais cherché à fuir ce type de rôle. Il tourna cinq films sur Frankestein avec la Hammer et retrouva avec plaisir Lee en 1959 pour « La malédiction des pharaons ». Pendant sept ans, la Hammer se plongea dans de nouveaux thèmes. En 1960, « Les deux visages du Docteur Jekyll » mit en valeur le célèbre roman et même le loup-garou en 1961 eut son heure de gloire dans « La Nuit du loup-garou ». Quelques créations originales suivirent mais les budgets n’étaient plus présents («  Fantôme de l’opéra » en 1962 « La Gorgone » en 1964 et « La femme Reptile » en 1966). Heureusement pour la Hammer, Lee accepta à nouveau le rôle de Dracula en 1966 et enchaîna six films. Les productions reprirent mais la crise était déjà là. La raison financière va prendre le dessus sur la passion du fantastique.





Pendant près de vingt ans, les fans de monstres ont eu tout le loisir de se rassasier. Face à une modernité souvent mal vécue, les œuvres de la Hammer ont plongé leurs fans dans un univers mythique, romantique mais aussi horrible. Les angoisses et l’anxiété suivaient le cinéphile tout au long d’un film fait par la Hammer. Mais les nouvelles générations cherchaient à présent autre chose. Dans un dernier sursaut, la Hammer s’attaqua au roman « Carmilla » de Le Fanu. Les salles obscures affichèrent rapidement trois films sur une nouvelle tendance, la femme vampire (« The Vampire Lovers » en 1970, « Lust for a Vampire » et «  Les sévices de Dracula » en 1971). La séductrice morte-vivante a l’écran a un nom : Ingrid Pitt. Elle a été la plus grande prédatrices des productions anglaises. Lee avait été un cruel tueur, Pitt étaient sa digne concurrente. Dans « Bedside Companion for Vampire Lovers », elle joua le rôle d’Elisabeth Bathory, célèbre dans l’histoire pour ses six cents petites filles tuées pour leur sang. 





Différentes actrices ont incarné de crédibles mortes-vivantes. La femme n’était plus une victime dans les films de le Hammer mais une prédatrice. Faut-il y voir un lien avec la libération de la femme ? Mais l’âge d’or de la Hammer était déjà loin. L’exotisme apporté par les plantureuses actrices ne releva pas les studios. Les financements et les partenariats se firent de plus en plus rares. Il était temps à présent de baisser le rideau.





De son vivant la Hammer a subi les affres de la critiques. De ses cendres naissent des passions et des cultes. Tim Burton a même dédié son film “Sleepy Hollow” aux anciennes productions britanniques. Le catalogue de films a d’ailleurs été racheté en 2000 par  Terry Ilott et Peter Naish. Toutes ces productions ont à présent un statut de film culte. Ses fans couvrent toute la planète et la réédition de la majeure partie de ces chefs-d’œuvre en DVD va faire renaître la passion pour l’horreur version gothique.








dimanche 8 avril 2012

Vivre loin du monde


Tous les soirs, en retrouvant notre résidence dans sa forêt de pins, j’ai l’impression de revivre. La journée je dois me fermer et oublier ce que j’aime réellement pour ne pas choquer mon entourage professionnel. Je dois faire attention aux autres, non en fait je dois faire attention à moi, à ma femme, à nos enfants. Je ne me reconnais pas dans la vie que je retrouve tous les matins en semaine. J’ai l’impression d’endosser un uniforme trop petit pour moi et surtout frustrant. Je n’arrive plus à penser à ce que j’aime et je me plonge dans un monde qui me vampirise. Je me donne à fond par conscience professionnelle mais ma vie, je ne la retrouve que le soir et le week-end. Ce sentiment est d’autant plus fort aujourd’hui que nous venons de retrouver nos enfants qui viennent de passer une semaine à la montagne. 


Plus le temps passe et plus le monde « d’en bas » me déçoit. Nous habitons sur les hauteurs de Nice comme un couple d’aigles choisit un nid haut perché pour protéger la descendance. Nous avons besoin de plus en plus de vivre à l’écart comme s’il devenait nécessaire chaque soir et chaque fin de semaine de se débrancher. Nous avons recréé notre propre matrice loin de l’agitation d’une ville en ébullition. Nous avons trouvé refuge dans un endroit que même certains vieux niçois ne connaissent pas. Quand nous prenons la route en famille, c’est pour prendre la direction de notre bateau et rejoindre la protection de la grande Bleue, cet univers que tant de gens redoutent. 


Je cherche des personnes qui me ressemblent et qui peuvent comprendre mes passions. Dans mon entourage direct, cette population devient peau de chagrin. Heureusement par ce forum nous avons rencontré des personnes avec qui nous partageons beaucoup plus qu’un instant sur la toile. Nous avons eu la chance de côtoyer des personnes remarquables qui me donnent encore une assurance pour l’avenir. Tout le temps passé sur ce forum m’a permis de reprendre espoir et de rencontrer enfin des personnes qui comme moi rejettent une société décadente et injuste. Je veux sortir d’une vie qui continue de pleurer la mort de Michael Jackson comme si cet artiste remarquable était l’inventeur de la pile à combustible ou l’homme à l’origine du vaccin contre le cancer. Je veux oublier un monde qui ne reconnait plus le travail et la culture. 


Si vous êtes comme moi, si vous avez besoin d’une soupape face à un monde qui vous fait vomir, je vous propose de vous perdre dans les méandres de ce blog qui à sa façon fait tout pour lutter contre la morosité ambiante.










samedi 7 avril 2012

Esprit gothique


Oublions pour un temps les clichés sur la culture gothique. Mettons de côté l’idée reçue qu’un gothique n’est qu’une ombre traversant nos villes vêtue de noir et en arborant un maquillage morbide.





Un photographe peut aborder un sujet sous différents angles. Un gothique percevra le monde à sa façon. Pour mieux comprendre la vision gothique du monde, imaginez tout ce que vous pouvez voir en négatif. Le noir devient blanc, la normalité devient inquiétante, l’étrange devient la norme et l’ombre devient attirante. La nuit vient recouvrir le monde du bruit et de l’excitation et les extrêmes s’attirent plus que jamais. Le sexe et la mort ne font plus qu’un comme au temps des excès de la Rome antique. La virginité devient un manuscrit, pour les admirateurs des grotesques de Sade, et reçoit en lettre de sang tous les péchés qui se révèlent dans la noirceur de l’âme humaine. Un monde de grisaille le jour devient dans la nuit un refuge pour une population qui affronte ses démons qui se révèlent dans la grandeur de la lune. Je me permets de citer Gavin Baddeley «  je vous invite humblement à vous joindre à moi pour m’accompagner au cœur des ténèbres… »





De tout temps, des valeurs ont été mises en place pour encadrer les hommes. Le mouvement gothique lui se place à contre courant des normes institutionnelles. Les ténèbres, le monde underground, le morbide et même malheureusement l’obscène deviennent les inspiratrices d’un style gothique qui se rebelle et affronte le bon goût et le bon sens établis pour une époque donnée. Les auteurs du XIX° siècle se retrouvèrent confrontés à une société qui rejetait en bloc leurs valeurs. Leur génie artistique, trop avant-gardiste, les a poussés à théâtraliser leur envie d’interdit, de recherche sur leur moi profond et de mystère sur le monde de la nuit. Cette emphase rendit acceptable pour le commun des mortels des idées et points de vue pourtant bannis par la sagesse et la vertu.





Vous voulez un exemple de vision gothique ? Partez découvrir une région riche en ruine et en nature. Oubliez la réalité en plongeant dans un rêve éveillé. Appréciez la beauté des vielles pierres qui s’écroulent à vos pieds. Laissez-vous charmer par la mélancolie qui se dégage des lieux que vous parcourez. Vous voyez ce qui est beau, cherchez le sublime dans un arbre torturé par le vent ou dans la violence d’un orage qui éclate au loin. Vous marchez à présent dans un vieux cimetière. Le brouillard rend toutes les ombres inquiétantes. Je me rappelle avoir vu une masse noire se déplaçant sans bruit, comme portée par le brouillard, dans un vieux cimetière en Irlande. Les croix celtiques semblaient portées par la brume et s’effacer devant cette masse qui venait vers moi. Mon imagination galopait et je me voyais déjà  face à une situation inquiétante, voire dangereuse. Il s’agissait en fait d’un superbe cheval noir qui disparut très rapidement dans le brouillard qui commençait à s’obscurcir avec la nuit.  Je n’oublierai jamais ces images et la beauté de cette scène.








vendredi 6 avril 2012

Une petite histoire qui a marqué ma région et ma ville


Une petite histoire qui a marqué ma région et ma ville.




NICE 1608 - Dans les archives de la ville de Nice, une bien curieuse histoire d’intervention extraterrestre fût retrouvée. Nous allons maintenant vous livrer ce document.


Au début du XVIIème siècle, Nice port principal du Royaume du Piémont connait une période de grande prospérité. L'imposante forteresse qui domine la ville décourage les incursions barbaresques qui ravagent régulièrement les côtes voisines.
Sur le quai de riches demeures aux balcons ouvragés. Dans cette charmante cité maritime on respire la paix dans un climat paradisiaque, quand soudain !.....


Au crépuscule du 5 août 1608, les niçois voient apparaître dans le ciel, trois masses lumineuses se déplaçant à grande vitesse. Les engins s'arrêtent au-dessus de la forteresse. Ils descendent à 1 m de la surface de la mer, à faible vitesse. Les habitants peuvent examiner en détails les trois engins.


Se maintenant proche de l'eau les trois masses provoquent une sorte de bouillonnement de l'eau avec dégagement d'une vapeur ocre-orangée, dans un bruit infernal. De l'un des engins surgit un être, puis deux......
Ces deux personnages plongent dans l'eau jusqu'aux hanches. Leurs bras maintiennent à la verticale deux tubes raccordés à la ceinture. Pendant deux heures les engins les engins restent pratiquement en cette position. Puis les êtres embarquent vers 22 h, les engins partent vers l'Est, dans un bruit infernal, et disparaissent en quelques secondes.
Les Niçois attribuant ce phénomène à un avertissement de Dieu, ils s'ébranlent en de longues processions religieuses, portant le christ en tête, jusqu'à l'aube du 6 août 1608.


Au matin du 22 août, les trois engins se présentent à Gênes. Informé des évènements survenus à Nice 17 jours auparavant, Gênes déclenche un violent tir d'artillerie sur les trois vaisseaux. 800 boulets sont ainsi tirés, sans que les engins ne subissent de dommage. Après une heure d'évolution au-dessus des flots, un engin se détache du groupe et fonce sur la ville à une vitesse vertigineuse.
Une folle panique s'empare alors de la population, et l'on relève plusieurs morts et blessés après le passage de l'engin à la suite de piétinement, émotions ou radiations émises par le vaisseau. Les trois vaisseaux se regroupent ensuite et disparaissent vers l'Est à une vitesse vertigineuse


Le 25 août 1608, dans le ciel de Martigues apparait un vaisseau spatial qui évolue durant une 1 h 30 au-dessus de l'agglomération. Deux êtres sortent du vaisseau, évoluant autour de l'engin et semblant se livrer à un duel en plein ciel. Ce sera la dernière manifestation relaté par cet écrit dans la région Méditerranéenne.


Une semaine plus tard, d'abondantes pluies rouges comme le sang tombent dans la région. Les habitants pensent qu'il s'agit de sang, et qu'ils ont à faire à une vengeance divine, à la suite des évènements de Martigues, Nice ou Gènes !.....
Pendant quarante jours les chapelles, églises et cathédrales de la région allant de Martigues à Gênes, voient une foule énorme venir prier jour et nuit.


Cette affaire est consignée dans les archives de la ville de Nice. Le document original se trouve à la bibliothèque nationale de Paris. 


Source :Les repas ufologiques et la bibliothèque de Nice qui possède une copie de cette archive historique.








jeudi 5 avril 2012

Cimetière de la colline du château à Nice

Je dois vous parler du cimetière de la colline du château à Nice.

Il faut que je prenne un peu de temps dans les semaines à venir pour retourner dans ce beau cimetière avant les grosses chaleurs et le soleil de plomb qui va prochainement bruler notre belle région.








Il me tarde de me promener dans ce cimetière. Je me moque des clichés. Vous ne trouverez avec moi aucune bière, aucune bougie,  juste un appareil photo et mon imagination qui se s'attarderont  tombe après tombe dans l'espoir de capturer une émotion. En général, je n'ai pas longtemps à attendre avant que de nombreuses émotions viennent m'envahir. De nombreux sentiments viennent caresser mon âme. J'ai toujours associé un cimetière à un concentré de vie. Je ne vois pas la mort mais la vie, des vies qui viennent me témoigner à quel point la vie est belle grace à la richesse de notre passé. Nous oublions trop souvent que notre avenir s'est construit dans le passé. Or ce passé est en partie construit par des êtres qui n'ont plus la chance d'apprécier la beauté d'un lever de soleil. Encore ce dernier point reste encore à être démontrer.
le cimetière du château domine le vieux Nice du haut d'une colline magnifique. Cette dernière est riche en histoire. Le développement urbain de Nice aurait commencé au VI° siècle sur cette colline avec un castrum, une cathédrale et un petit faubourg. Vous pouvez imaginer à quoi ressemblait Nice avant que Louis XIV rase toute la colline, pour un conflit avec Victor-Amédée II duc de Savoie. Ce dernier s'était ligué contre la France et Louis XIV en représailles  envahit ses terres.   Et oui à cette époque Nice appartenait au duché de Savoie.
Napolèon III a déclaré en se promenant sur cette colline, " C’est le plus beau des paysages qu’il m’ait été donné de voir, c’est admirable." Le cimetière se trouve au sein de ce site remarquable, à quatre vingt douze mètres au dessus de la mer. Il est splendide, il est à voir tout comme l'intégralité de la colline.



Vous pouvez à présent vous promener dans ce somptueux cimetière en cliquant sur le lien qui suit:

Mes photos de ce si beau cimetière




Il est à présent interdit de prendre des photos de ce cimetière. Je vais me renseigner pour voir si cet arrêté municipal est légal.





mercredi 4 avril 2012

Graveyard School of Poetry

Peut-être que dans quelques jours vous ne pourrez plus vous passer des auteurs qui suivent:


Mark Akenside
James Beattie
Robert Blair
Elizabeth Carter
William Collins
William Cowper
Thomas Gray
James Hervey
John Keats
James Macpherson
William Mason
David Macbeth Moir
Thomas Parnell
William Shenstone
James Thomson
Joseph Warton
Thomas Warton
Henry Kirke White
Edward Young
























En attendant je vous propose un poème de John Keats:












Ode sur la mélancolie


(in Les Odes,
trad. Alain Suied, Éditions Arfuyen)


Non, non, ne va pas boire au Léthé, ne va pas boire
Le vin empoisonné de l’aconit aux rudes racines ;
N’accepte pas que ton front pâle reçoive le baiser
De la belladone, vermeil raisin de Proserpine ;
Ne fais pas ton rosaire des grains de l’if ;
Ne laisse pas le scarabée, ni la phalène devenir
Ta Psyché de deuil, ni le hibou duveteux
Le compagnon des mystères de la Mélancolie ;
Car l’ombre rejoindrait la torpeur des ombres
Et noierait l’angoisse vigilante de l’âme.


Mais quand s’abattra la Mélancolie,
Soudaine messagère des Cieux, nuage de larmes,
Qui abreuve les fleurs aux têtes tombantes,
Et cache la verte colline sous un linceul d’Avril;
Alors gave ta peine d’une rose matinale,
Ou de l’arc-en-ciel entre vague et rivage,
Ou de l’abondance des globes de pivoines ;
Ou si ta maîtresse montre une riche colère,
Emprisonne sa douce main dans la tienne, laisse-la
Se déchaîner et bois son regard sans pareil.


Sa demeure est dans la Beauté - mortelle condition ;
Et dans la Joie, dont la main esquisse à ses lèvres
Un éternel adieu ; et dans le douloureux Plaisir,
Qui se change en poison tandis que la bouche, abeille,
L’aspire : oui, au temple même de la Félicité,
La Mélancolie voilée trouve un sanctuaire souverain
Que seul sait voir celui qui peut, d’une langue vive,
Faire éclater les raisins de la Joie contre son fin palais ;
Son âme goûtera le triste pouvoir de la Déesse
Et deviendra l’un de ses trophées de nuages.


Tout d'abord traduisons Graveyard! Ce mot anglais signifie cimetière et nous pouvons donc traduire le titre de notre sujet en l’école de poésie du cimetière. Ce genre poétique anglais du XVIII° portait essentiellement sur les thèmes de la mort et du deuil. Les créations issues de ce genre évoquent donc la tristesse et la douleur d'un deuil, confrontent l'homme au caractère transitoire de son existence même et évoquent l'horreur des manifestations physiques de la mort. Le poème Élégie écrite dans un cimetière de campagne que vous pouvez trouver dans le sujet est le parfait exemple de ce genre précurseur du mouvement romantique.


J'aimerais vous proposer une version française d'un poème de Robert Blair, grand poète écossais.


Blair a écrit The Grave, La Tombe (1743), complainte baroque sur la fatalité de la mort, poème qui fut illustré par Blake en 1808. Cette méditation lugubre inaugure la « poésie des cimetières ».


J'espère pouvoir un soir vous proposer ce poème en français


http://ebooks.adelaide.edu.au/b/blake/william/grave/


http://www.thomasgray.org/cgi-bin/view.cgi?collection=primary&edition=1787








mardi 3 avril 2012

La mort

Dans des moments critiques de notre existence, quand notre vie est en danger, nous nous posons une question existentielle:comment affronter la mort, sommes-nous capables d'y faire face? A la différence des autres animaux, l'homme est doté d'une conscience. Il sait qu'un jour la mort sera au rendez-vous. Nous nous savons donc vulnérables et nous sommes plus que conscients de l'aspect éphémère de notre passage sur notre terre.

De la naissance à la mort, nous sommes accompagnés par une ombre qui à certains moments nous rappelle sa présence. Nous sommes désarmés devant la mort qui est imparable. Je vois autour de moi un monde qui s'agite de façon frénétique comme pour fuir quelque chose. Le paraître semble primordial comme si cela pouvait être une protection virtuelle, une fuite en avant dans l'espoir de retarder l'échéance. Masquer son âge est comme une parade pour tenter d'augmenter le nombre de jours qui nous sépare de la date finale.

Le monde moderne fuit la mort et la cache de plus en plus. Le deuil devient tabou et les rites funéraires sont gâchés par des valeurs bassement matérielles. On défie la marche du temps dans l'espoir d'en repousser les limites. J'ai malheureusement une forte expérience dans ce domaine mais nous verrons ce détail plus tard. En attendant de développer ce débat, je tiens à préciser une chose. Je ne parle pas ici de suicide! Je tiens à parler d'un élément qui est lié à notre existence au même titre que la vie. Comment percevez-vous la mort?



La mort se vit par procuration. On angoisse toute sa vie de peur de la rencontrer mais le jour de son arrivée, nous ne sommes plus là pour la voir. Etrange rendez-vous non! Pour beaucoup de monde, la mort est un sujet d'épouvante. On ne peut pas échapper à quelque que nous ne pouvons pas maîtriser. Nous sommes sans arme devant la mort et nous devons nous rendre sans savoir ce qu'il va devenir de notre être, de notre âme. Il est dur de penser qu'après la mort il y a le néant. Je préfère me cantonner à ma vision chrétienne. Ainsi, la vie n'est qu'une étape et la mort une voie obligatoire pour l'élévation de notre âme. Dans mes souvenirs, Freud a écrit que l'homme est persuadé de son immortalité. L'homme ne croit pas en sa propore mort et son inconscient le maintient dans cette assurance. Au delà de la disparition du corps, il y l'âme qui reste vivante. C'est une façon de nous rassurer sur la mort car notre seule approche est celle du deuil de nos proches. Soyons conscients de notre mortalité et cessons de ruser. La mort n'est pas une ennemie. Il ne sert à rien de l'affronter, nous ne pouvons que revenir avec une défaite, si on en revient!


Ce n'est pas parce que le noir nous va si bien que le deuil doit être notre quotidien. Il n'y a pas de vie sans mort. Le soleil ne brille pas sur le monde de la nuit et encore moins sur la mort. Depuis vingt ans, j'ai l'impression de voir le monde à travers une vitre enfumée. Le soleil brille le jour mais il ne m'empêche pas de voir l'union de la vie et de la mort. Je vis parfois dans un monde souterrain de cauchemar où la mort est invitée. A dix huit ans, ma vie ne tenait qu'à un fil. Les médecins m'ont administré de telles doses de morphines que je ne suis pas sûr du bien fondé de ce que j'ai vu ou cru voir. La mort n'est que la continuité de la vie, une étape naturelle. La mort n'est pas douloureuse pour la personne qui la subit mais pour les proches qui y assistent. Je ne connais votre âge cher lecteur ou chère lectrice, ni votreapproche de la mort que je ne juge pas. Ma mort arrivera un jour ou l'autre, le plus tard possible, non pas pour moi mais pour ma femme et mes enfants. Je veux vivre ma lune de miel le plus longtemps possible et surtout voir mes enfants grandir et être heureux. Il y a deux nuits j'ai fait un rêve pénible, effrayant, angoissant.. Je m'occupai des préparatifs pour les obsèques de ma fille qui n'a pas dix ans. Je me suis réveillé et mon cauchemar est resté dans mon esprit toute la nuit. Je me suis mis à pleurer tout simplement car l'idée même est inacceptable. Nous souhaitons que nos proches évitent les sombres chemins de traverse qui les amène un jour à être face à face avec la mort.

Il n'y a rien de pire pour une mère de voir partir un enfant. Je me rappelle ma grand mère qui n'a pas supporté de voir son fils (mon père) partir avant elle. C'est une injustice, une insulte à la normalité. Je viens de relire des lettres d'amis qui ont souffert de la mort d'un proche et j'en tire une conclusion. Nous avons une arme pour lutter conte la mort, c'est l'amour.

L'amour est plus fort que la mort!










lundi 2 avril 2012

Graveyard School of Poetry

Dans les jours qui vont suivre, je vais développer un sujet qui lie deux de mes domaines favoris, la poésie et les cimetières. Nous allons mettre l'accent sur l'origine du romantisme noir de nos amis poètes anglais en développant une page spéciale sur l'origine de l'inspiration de la Graveyard School of Poetry, c'est à dire les cimetières et la place et l'importance de la mort dans notre société.

Je vous dis à bientôt!












dimanche 1 avril 2012

Les cimetières

J'arbore depuis des mois une couleur cadavérique qui fait passer de nombreux morts pour des gens en meilleure santé que moi! Est-ce pour cela que je me sens à l'aise dans un cimetière? Que je rassure les gens que je croise dans ces lieux de repos et de méditation, je ne suis pas en quête d'un emplacement pour finir mon périple sur Terre!

J'aime tout simplement me promener dans les allées de ces lieux de paix et de sérénité pour tenter de ressentir la quiétude de l'éternité. Je suis à l'aube de ma vie pendant que d'autres ont déjà touché la nuit de la leur. Me promener parmi les morts me permet d'apprécier la beauté de la vie. En franchissant le portail d'un cimetière, le monde s'arrête derrière moi. Je fais un pas vers un monde que beaucoup trouve morbide pour rêver et me sentir apaisé. Je viens apprécier la beauté des marbres et des sculptures qui font de ce lieu à part un sanctuaire pour l'art de notre passé. Je prends toujours autant de plaisir à admirer de vieilles tombes séculaires qui regardent le temps passer. Ce sont des témoignages d'une époque. Elles ont été faites pour accompagner les morts et pour aider les vivants à atténuer leur peine. Il ny a rien de morbide, de blaphématoire, juste de la contemplation et du respect.

Un cimetière est un lieu sacré qu'il faut respecter. Je n'ai pas le sentiment de profaner une tombe en prenant comme je le fais régulièrement des photos. Mon souhait est que la sensibilité que j'apporte dans mes prises de vue se voit et fasse sentir au monde la beauté des lieux et surtout l'importance pour notre histoire de ces endroits saints. Un vieux cimetière qui tombe dans l'oubli me fait souffrir. Mon souhait le plus profond est de découvrir le cimetière du Père Lachaise. J'aimerais pouvoir me promener dans le plus grand silence et écouter tout ce que les personnalités de cet illustre lieu de mise au sépulcre ont à nous murmurer à l'oreille. Cette passion n'est pas pour moi morbide, mais juste une sensibilité au beau sous toutes ses formes et un besoin de respecter notre passé.










Théophile GAUTIER (1811-1872)

La fontaine du cimetière

A la morne Chartreuse, entre des murs de pierre,
En place de jardin l'on voit un cimetière,
Un cimetière nu comme un sillon fauché,
Sans croix, sans monument, sans tertre qui se hausse :
L'oubli couvre le nom, l'herbe couvre la fosse ;
La mère ignorerait où son fils est couché.

Les végétations maladives du cloître
Seules sur ce terrain peuvent germer et croître,
Dans l'humidité froide à l'ombre des longs murs ;
Des morts abandonnés douces consolatrices,
Les fleurs n'oseraient pas incliner leurs calices
Sur le vague tombeau de ces dormeurs obscurs.

Au milieu, deux cyprès à la noire verdure
Profilent tristement leur silhouette dure,
Longs soupirs de feuillage élancés vers les cieux,
Pendant que du bassin d'une avare fontaine
Tombe en frange effilée une nappe incertaine,
Comme des pleurs furtifs qui débordent des yeux.

Par les saints ossements des vieux moines filtrée,
L'eau coule à flots si clairs dans la vasque éplorée,
Que pour en boire un peu je m'approchai du bord...
Dans le cristal glacé quand je trempai ma lèvre,
Je me sentis saisi par un frisson de fièvre :
Cette eau de diamant avait un goût de mort !